Dans le concert des nations d'Amérique latine et des Caraïbes, avec lesquelles elle partage une géographie commune et une grande partie de son histoire, Cuba se distingue par certaines particularités qui en font un cas unique. Sa trajectoire historique tout au long du XXe siècle - et, en particulier, le parcours politique, économique et social qu'elle a suivi depuis le triomphe de sa Révolution en 1959 - y est sans doute pour beaucoup. La contestation sociale, un sujet dans lequel la région a en général une longue tradition, est aujourd'hui l'un des principaux domaines dans lesquels l'île se distingue de ses voisins. Les difficultés rencontrées par son économie et leurs répercussions sur sa population sont souvent évoquées ; les incidents liés à des troubles civils ou à l'instabilité politique du pays sont beaucoup plus rares. Ainsi, les images qui ont fait le tour du monde le 11 juillet 2021, montrant des milliers de personnes manifestant dans les rues de plusieurs villes cubaines, ont été particulièrement frappantes. Ces images étaient d'autant plus remarquables qu'elles intervenaient à un moment où la vie des habitants de l'île - comme celle du reste du monde - semblait s'être arrêtée, après plusieurs mois de crise due à la pandémie du COVID-19. Dans ce cadre, l'objectif de ma proposition était d'analyser les circonstances spécifiques dans lesquelles les manifestations du 11-J ont eu lieu à Cuba, afin d'élucider dans quelle mesure ces manifestations constituent un événement singulier. Pour ce faire, j'ai d'abord essayé de déterminer le plus objectivement possible ce qui s'est passé ce jour-là et pourquoi. Ensuite, les événements ont été mis en perspective, tant sur le plan géographique qu'historique, afin de mettre en lumière certaines de leurs principales particularités. Enfin, les événements ont été replacés dans le contexte global dans lequel ils se sont produits, afin de clarifier leur rapport avec les dynamiques sociales observées alors dans diverses régions du monde.