Les comics mainstream constituent une médiaculture où les genres « servent en fait de supports à des variations micro-politiques qui, de fil en aiguille, s’inscrivent dans une composition politique plus large. » La fiction, par l’imaginaire, devient en ce sens un laboratoire sociopolitique, une série d’expériences d’une « pensée sans concepts » où différents événements amènent le lecteur à penser le monde qui l’entoure. En l’occurrence, puisqu’il s’agit ici d’une production culturelle originaire des Etats-Unis, il nous semble que la question qui revient le plus souvent dans ces histoires porte sur le fonctionnement de la démocratie nord-américaine, et plus particulièrement la place que doit occuper dans celle-ci le président. Dans cette communication, nous voudrions voir comment la représentation de monuments réels permet l’incarnation d’une pensée sociopolitique dans la fiction. Représenter des monuments comme le mont Rushmore ou le Lincoln Memorial permet de faire le lien avec une mémoire collective, constitutive de l’idée de Nation, participant d’une doxa qui signifie aux lecteurs ce qui doit être commémoré et, en négatif, ce qui peut être oublié. Leur représentation apparaît donc comme la réponse à une hantise ricoeurienne, un souvenir en apparence fixe et solide dont la modification ou la destruction porte une symbolique forte pour le lecteur.