On dit « mortes » ou « moribondes » les Belles Lettres, c.-à-d. le latin et le grec. Ce colloque a voulu prendre le contre-pied de ce jugement courant — ou plutôt a tenté d’en évaluer la pertinence (ou non). La preuve est là : trois journées très remplies qui eussent pu aisément être six, des choix drastiques d’écrivains (à ce jour, 49 recensés écrivant tout contre l’Antiquité, depuis 1960), des intervenants passionnés (écrivains et universitaires), un public nombreux. Malgré une certaine désaffection— il serait absurde de la nier, mais encore faudrait-il en analyser les raisons exactes —, l’Antiquité gréco-latine inspire toujours très intimement la création littéraire et artistique contemporaine. Toutefois, au-delà du constat d’une permanence, il fallait interroger exactement ce que l’on entend par « fonds gréco-latin » : est-ce un référent aussi grec que latin ? L’expression fait signe vers quelle Grèce et quelle Rome, via quelles médiations historiques, scolaires, culturelles, idéologiques ? De quelle nature est le rapport contemporain à ce fonds : comme héritage ou empreinte ? fascination ou repoussoir ? direct ou médiatisé ? d’expérience ou de fantasme mythifiant ? sérieux ou ludique, voire carnavalesque ? Qu’est-ce qui est convoqué de l’Antique : une (ou des) langue(s) ? une (ou des) culture(s) ? une (ou des) littérature(s) ? etc. Les questions foisonnent jusqu’au vertige et ce colloque a essayé de lancer la réflexion, de façon concertée et collective.