Appeal to the People !
L'appel au Peuple !
Résumé
The question of the Appeal to the People was a major issue since the French revolution. This idea of recourse to popular suffrage in exceptional circumstances to resolve a political problem was intended to confer an anointing of legitimacy in order to ensure the stability of institutions. With its origins in Greco-Roman Antiquity, the Appeal to the People burst into public debate during the French Revolution, and was then applied as a method of government by Napoleon Bonaparte, through the plebiscites of the Consulate and the First Empire, enabling him to derive his legitimacy from popular support. Although the Ultras advocated to broaden suffrage, during the Restoration period, in order to put the monarchy on a popular basis, the idea of an Appeal to the People reappeared above all from 1830, following the accession of Louis-Philippe as King of the French, whose reign was seen as a usurpation in the eyes of the legitimist opposition, particularly by the national royalist current, since no popular recourse had come to ratify the new regime. The revolution of February 1848, by establishing universal male suffrage, revived the idea of Appeal to the People in the national royalist current, but the division of the legitimists on this question favoured the President of the Republic Louis-Napoleon Bonaparte, who succeeded in restoring imperial dignity by relying on recourse to the People, through the plebiscites of 1851-1852, enabling him to reconcile monarchical heredity and popular sovereignty, in the bonapartist tradition. Through this history of the Appeal to the People, the aim of this thesis is to study a major idea in French political life by going back to its origins, in order to obtain an overview of this principle and to understand what influence it may have had on public opinion at the time, since the outbreak of the French Revolution in 1789 until the Imperial restoration in 1852 and, then, its posterity after Napoleon III’s reign.
La question de l’Appel au Peuple constitue un enjeu majeur dans le débat politique français à partir de la Révolution française. Cette idée d’un recours au suffrage populaire, dans des circonstances exceptionnelles pour résoudre un problème d’ordre politique, entend conférer une onction de légitimité afin d’assurer la stabilité des institutions. Tirant ses origines de l’Antiquité gréco-romaine, l’Appel au Peuple fait irruption dans le débat public lors de la Révolution française, puis se trouve appliqué comme méthode de gouvernement par Napoléon Bonaparte, à travers les plébiscites du Consulat et du Premier Empire, lui permettant de tirer sa légitimité du soutien populaire. Bien que les Ultras défendent, au cours de la Restauration, un élargissement du suffrage pour faire reposer la monarchie sur une base populaire, l’idée d’Appel au Peuple réapparaît surtout à partir de 1830, à la suite de l’avènement de Louis-Philippe comme roi des Français, dont le règne est vu comme une usurpation aux yeux de l’opposition légitimiste, notamment par le courant royaliste national, puisqu’aucun recours populaire n’est venu ratifier le nouveau régime. La révolution de Février 1848, en instaurant le suffrage universel masculin, remet en avant l’idée d’Appel au Peuple dans le courant royaliste national, mais la division des légitimistes, sur cette question, favorise le président de la République Louis-Napoléon Bonaparte qui parvient à restaurer la dignité impériale en s’appuyant sur le recours au Peuple, à travers les plébiscites de 1851-1852, lui permettant de concilier hérédité monarchique et souveraineté populaire, dans la tradition bonapartiste. À travers cette histoire de l’Appel au Peuple, de la Révolution française à l’établissement du Second Empire, l’objet de cette thèse est d’étudier une idée majeure de la vie politique française en remontant à ses origines, afin d’obtenir une vue d’ensemble de ce principe et comprendre quelle a pu être son influence dans l’opinion publique du temps, depuis le déclenchement de la Révolution française en 1789 jusqu’à la restauration impériale de 1852, puis, sa postérité après le règne de Napoléon III.